Cinq ans.

La semaine dernière, j’ai passé le cap des cinq ans comme travailleuse autonome. Je répète, CINQ ANS! Y’a de quoi célébrer un peu, non?

Cinq ans que j’ai pris la décision de travailler pour moi et juste pour moi.

Je ne vous en cacherai pas, j’ai eu des propositions pour un retour en entreprise à temps plein. Mais à ce jour, je savoure toujours le plaisir que j’ai de travailler pour moi et d’avoir éliminé l’intermédiaire entre les client.es et la gestionnaire de communauté :

Clients → Boss(coordo) → Gestionnaire de communauté

Ces intermédiaires et la communication parfois déficiente augmentaient mon niveau de stress au travail. 

Négocier directement avec les client.es et leur donner un réel résumé de ma charge de travail ; pouvoir leur dire oui quand je peux et non quand je ne peux pas ; pouvoir leur dire oui quand je veux et non quand je ne veux pas ; connaître leurs réels besoins et leurs attentes ; et surtout, pouvoir être honnête et ne pas leur faire miroiter qu’une tâche sera faite dans un délai raisonnable, quand cela m’est impossible. 

Ce n’est pas tout le monde qui peut ou qui veut être travailleur.se autonome. Je crois qu’on peut trouver un réel plaisir à travailler avec un.e patron.ne. Je crois aussi qu’il y a des environnements de travail sains, mais malheureusement, y en a encore beaucoup qui nécessitent du changement et je n’ai pas la force d’affronter ces milieux-là.

Cinq ans que je gère mon horaire… grosso modo.

On rêve pas mal tou.tes d’avoir un horaire flexible. Quand notre boss nous exige d’être assis.es à notre poste de travail dès 9 h pis que le métro est en panne depuis 30 minutes. Quand on nous oblige à assister à la réunion organisée par notre gestionnaire, un vendredi à 16 h 30. 

Et c’est vrai que c’est enviable, un horaire flexible. Par contre, je le dis souvent, ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air. Même si la boss, c’est moi, et que je peux travailler quand bon me semble, je suis restée imprégnée par ce que le monde du travail nous dicte : le « mausus » de 9 à 5.

Mes petites angoisses

Je me sens mal quand je commence ma journée à 10 et que je décide tout de même de la finir à 5. Si je prends congé un vendredi (et ce, même si la job, elle peut VRAIMENT attendre lundi) j’ai toujours cette petite roue qui tourne dans ma tête et qui me rappelle que je suis censée travailler. Alors, des fois, je compense le dimanche, parce qu’il pleut et qu’il n’y a rien de mieux à faire. Mais y’a surtout le : je n’ai pas vraiment d’horaire, alors je suis pas mal toujours au travail.

Rare sont les moments où je suis en mesure de ne pas penser au travail. Ai-je oublié de facturer un.e client.e ; ai-je oublié de faire telle tâche ; ai-je fait une faute dans telle publication ; un.e client.e vient de m’envoyer un courriel, un samedi à 20 h… qu’arrivera-t-il si je ne lui réponds que lundi matin? ; je suis en camping, y’a pas de réseau, y’a peut-être une crise à gérer sur la page Facebook d’un de mes client.es et je ne suis même pas courant, etc. 

Mais malgré toutes ces petites angoisses – qui me sont extrêmement personnelles, car j’imagine qu’il y a des gens qui vivent parfaitement bien avec leur congé du vendredi, j’ai le droit de gérer mon horaire et je peux définitivement dire non à une réunion un vendredi à 16 h 30.

Surtout, j’ai vite apprécié les trucs comme :

  • Partir une brassée de lavage ou passer la balayeuse entre deux tâches ;
  • Prendre ma douche sur l’heure du dîner ;
  • M’entraîner entre deux rencontres ;  
  • Prendre une pause pour écouter Big Brother ;

Et je suis persuadée qu’en pandémie, en mode télétravail, certaines personnes y ont aussi pris goût. Y aura-t-il une recrudescence de travailleur.ses autonomes en 2022? Je vous le souhaite!

Cinq ans (moins un an) où je peux travailler où bon me semble.

Je n’avais jamais réalisé à quel point ceci est un gros bonus, mais la pandémie me l’a claqué dans face. Je ne me suis jamais autant ennuyée des cafés et des bars où j’aimais bien finir la journée en programmant des trucs pour les réseaux sociaux (tsé, la tâche no brainer que je peux faire avec un verre de vin). Et je suis persuadée qu’on sera plusieurs travailleur.ses autonomes à squatter les cafés lors de leur réouverture. 

Cinq ans que je gère moi-même mes client.es et je stresse avec l’argent

Évidemment, c’est peut-être le point qui vous empêche de devenir travailleur.se autonome. Parce que c’est vrai qu’enlever des intermédiaires (boss, coordo, comptable, etc.), ça enlève le stress des mauvaises communications, mais ça nous oblige à faire tout le travail qu’ils effectuent… en plus de la nôtre : faire du réseautage, trouver des client.es, les signer/gérer et surtout, entretenir de bonnes relations avec celleux, leur envoyer une facture en se croisant les doigts qu’iels la paient dans un délai raisonnable. 

Mais personnellement, mon expérience est assez positive jusqu’ici, j’ai toujours eu des client.es exemplaires et je vais toucher du bois pour que ça continue ainsi.

Cinq ans (ou pour être plus honnête, trois ans) où j’apprends à vivre avec le stress de l’argent

Quand j’ai eu envie de me lancer officiellement à mon compte, la première personne à qui j’en ai parlé, c’est ma mère. Son conseil (ou disons plutôt… son avertissement) a été celui-ci : tant que tu peux payer l’hypothèque… Avoir espéré un encouragement, j’aurais été déçue. Mais reste que ça ne m’a pas empêché de me lancer et ça m’a toujours poussé à trouver des contrats, à m’assurer que j’avais assez d’argent dans mon compte pour payer mon hypothèque (et tout le tralala nécessaire). 

En cinq ans, j’ai aussi appris à gérer les gros paiements : les impôts en avril, les acomptes provisionnels en mars, juin, septembre et décembre ; et les taxes à payer en janvier, avril, juillet et octobre. Les deux premières années ont été les pires [horrible serait le terme approprié], mais ensuite, je dois le dire, on s’habitue.

Par contre, mon gros conseil ici [et c’est rare que je donne des conseils, alors profites-en!] c’est : si jamais tu souhaites te lancer à ton compte, évalue tes dettes antérieures. Parce que malgré les miennes, j’ai décidé de me lancer et c’est ce qui a été le plus gros obstacle à mon épanouissement. Et avec cette pandémie, je réalise que si je n’avais pas eu la chance de payer cette dette avant que la vie s’arrête, je ne sais ben pas ce que j’aurais fait… 

Pour finir, je sais qu’être travailleur.se autonome, ce n’est pas pour tout le monde. Mais pour moi, c’est la meilleure décision que j’ai prise. Et si jamais tu as envie de te lancer, n’hésite pas à me contacter